Quand un prisonnier blanchit dans la nuit précédant son exécution… quand un individu au cours d’un bombardement fait une formidable éruption d’urticaire… quand trois jours après la perte de son mari une femme se retrouve avec un goitre… que s’est-il passé ? Ces émotions de désespoir, de terreur, de douleur comment ont-elles pu provoquer de tels symptômes physiques ?
Les émotions,- la peur, la colère, l’envie, la haine, la jalousie, la peine, l’avarice, l’orgueil, mais aussi le chagrin, la peine, l’angoisse, l’affliction, la déception, – provoquent des modifications biologiques qui affectent tout l’organisme. Pourquoi ? Premièrement, parce que le corps et l’esprit sont deux réalités indissolublement UNE. L’esprit peut rendre le corps malade (maladies psychosomatiques), et le corps peut rendre l’esprit malade (maladies somatopsychiques).
Par exemple, l’ulcère d’estomac est une maladie dite de type psychosomatique : on avance que l’ulcéreux est une personne perfectionniste, ambitieuse, incapable de détente, chroniquement insatisfaite qui noue difficilement des relations avec les autres. Les déficiences des glandes surrénales, et les excès d’œstrogènes, maladies dites somatopsychiques, fabriquent un syndrome de dépersonnalisation avec troubles de la concentration et des possibilités d’attention, dans le premier cas, et un délire de persécution et de haine, une excitation maniaque et de la dépression chez les femmes, dans le deuxième cas.
Le cerveau humain est l’organe intermédiaire entre le corps et l’esprit, entre l’inconscient et le monde extérieur. Il reçoit des impressions qu’il redonne sous forme d’expressions. L’impression se fait au niveau de l’esprit. L’expression se fait au niveau du corps. C’est ainsi que les émotions (Impressions) peuvent être à l’origine de maladies débilitantes et même fatales (expressions).
Plusieurs auteurs cherchant à expliquer le mécanisme d’action des émotions ont noté des décharges d’adrénaline, un excitant du système nerveux végétatif, qui entraînent une vasoconstriction, une élévation de la glycémie, une diminution du temps de coagulation sanguine, une production accrue de cholestérol, et une augmentation de l’irrigation et de la contraction musculaire.
D’autres chercheurs parlent de trois mécanismes principaux déclenchés par les tensions émotives : 1. Des variations du débit sanguin dans les organes (trop ou pas assez de sang) ; 2. Des variations des sécrétions des glandes endocrines (arrêt de l’ovulation, par exemple) ; 3. Des modifications de tension dans certains muscles (nuque raide, mal de dos, jambes lourdes, etc.)
On a aussi observé, dans toutes les grandes émotions, outre une hyperglycémie, une diminution de la résistance électrique du corps avec sécrétion plus active des glandes sudoripares (transpiration excessive), de profondes perturbations dans l’équilibre des réactions nerveuses et musculaires, un arrêt des ondes cérébrales (confusion, dépression).
Les émotions peuvent, par leur répétition ou leur constance, engendrer des perturbations chroniques, car loin de provoquer une immunisation, elles entraînent plutôt une véritable sensibilisation. Ainsi, à des crises d’hypertension artérielle aiguë causées par des peurs ou des colères répétées, pourra succéder une hypertension permanente qui engendrera de véritables lésions organiques.
Faisons un tout petit tour des effets des émotions sur différents systèmes de notre corps1 :
- le système nerveux : les émotions sont à l’origine de la simple fatigue, des psychonévroses, et de l’alcoolisme, toujours trempé dans la colère et le chagrin ;
- les glandes endocrines: le syndrome prémenstruel caractérisé par de l’irritabilité, une tension extrême, un manque de contrôle personnel et de jugement à l’approche des règles, ainsi que de gonflement et d’hypersensibilité du ventre et des seins, a été associé à des traumatismes sexuels survenus dans l’enfance ou au cours de l’adolescence. Les émotions provoquées par des agressions comme le viol, l’inceste, l’activité sexuelle orale, développent chez la femme un sens très aigu de vulnérabilité sexuelle.
- les organes sexuels: l’impuissance, la frigidité, ou la dyspaneurie, ces douleurs apparaissant au cours des rapports chez la femme, la vaginite, peuvent être l’expression d’émotions comme la peur, la colère, l’envie. Souvent, l’identité masculine ou féminine2 de l’individu est embrouillée, et il y a refus de l’assumer ;
- l’appareil digestif : les crises d’anxiété, l’angoisse, la colère, l’inadaptation ou l’insatisfaction, entraînent toujours une exagération de la motilité des muscles digestifs et une augmentation de la sécrétion de l’acide chlorhydrique dans l’estomac, et de son acidité, à l’origine de nombreux troubles digestifs, dont l’ulcère gastroduodénal (l’hyperacidité provoque d’abord de petites hémorragies, puis des érosions, et finalement l’ulcère se constitue) ;
- l’appareil locomoteur : l’anxiété et le ressentiment, découlant de relations humaines mal ajustées, sont les réactions émotionnelles les plus constantes retrouvées chez les arthritiques ;
- l’appareil urinaire : des auteurs parlent de cystalgie, cystite, néphrite aiguë psychosomatiques. D’autres citent des urétrites déclenchées par un écart sexuel, ou même une lecture suggestive, des heurts familiaux, des soucis professionnels, ou une émission de télévision médicale qui amène l’individu à se croire atteint de ce mal parce qu’il a encore du remords et de la culpabilité au sujet d’une ancienne aventure ;
- il existe aussi une psychosomatique du cancer: on parle d’une personnalité à risque pour le cancer : personnalité très inhibée, incapable d’exprimer ses émotions, déprimée, et bourrelée de remords et culpabilité. Un cancer est souvent précédé par un traumatisme émotionnel consécutif à un changement psychosocial (isolement, solitude, deuil, divorce, perte d’emploi ou de statut social). Il y a alors hyperactivité des glandes surrénales avec diminution du taux des anticorps et augmentation du nombre des cellules cancéreuses. Une forte émotion peut aussi provoquer un fléchissement des défenses immunologiques, et donc le déclenchement d’un cancer latent ;
- l’appareil cardiovasculaire : l’anxiété, plus que l’exercice violent ou le surmenage, nuit au cœur. L’anxiété peut être à l’origine d’une contracture du myocarde, de la tachycardie paroxystique, de l’arythmie ;
- les troubles de la coagulation: plus une personne est craintive et nerveuse plus le temps de coagulation sanguine diminue. On peut observer ici directement un lien entre une émotion et une maladie : dans une artère déjà rétrécie ou durcie, un sang qui se coagule trop vite est un risque certain de thrombose.
Ce tout petit tour d’horizon rapide nous force à reconnaître que ce n’est pas tant le stress mais notre réponse au stress qui nous tue.
Notre style de vie gravite-t-il habituellement autour de la confiance ou de la crainte qui englobe l’anxiété, la peur, les soucis, la révolte de quiconque n’a pas trouvé un sens à sa vie ? de la vérité ou du mensonge que sont les refoulements, les négations, les faux témoignages ? de l’humilité ou de l’orgueil extériorisé par la manie de la critique, la surestimation de sa liberté au point de se croire son propre dieu, par la séparation des autres et le repli sur soi ?
Et voilà que l’on a quitté le domaine de la nutrition et de la médecine pour nous retrouver dans celui du caractère, des relations humaines, d’une vision du monde juste … infiniment plus difficile à construire, à gérer, et à intégrer qu’un nouveau régime ou quelques pilules, mais dans de nombreux cas totalement libérateur.
En cette fin d’année, je vous propose de vous faire le plus beau des cadeaux, celui de guérir de vos chagrins3 et de démasquer vos dépressions4. Vous respirerez enfin l’air pur que génère un esprit confiant, honnête, et humble car il a su pardonner. À tous, de joyeuses fêtes !
Danièle Starenkyj©2014
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Références
- Starenkyj D., Le mal du gras, « Le stress, les émotions, et le cholestérol », Orion, 2010.
- Starenkyj D., Ce que cœur de femme veut, Orion, 2012.
- Yeagley L. R., Guérir de son chagrin, Orion, 2012.
- Hart A.D., La dépression au masculin, « Une souffrance masquée », Orion, 2002.